Dans son dictionnaire des noms de plantes, Jacques André ne mentionne qu’une seule occurrence pour le phytonyme Bellis qu’il trouve au livre XXVI de la Naturalis Historia de Pline l’Ancien. Ce passage est, en outre, particulièrement bref et allusif. Voici la traduction qu’en donne Alfred Ernout, dans l’édition de la C.U.F[1]. :
« La pâquerette pousse dans les prés, sa fleur est blanche, tirant un peu sur le rouge ; on la dit plus efficace quand elle est appliquée avec de l’armoise ».
Deux phrases pour une plante endémique des prairies européennes, c’est peu. Quant à l’indication thérapeutique qui suit, le malade pourra être satisfait de savoir comment améliorer l’efficacité du médicament dont la tournure de la phrase suggère qu’il doit être appliqué plutôt qu’ingéré. Nul doute cependant qu’il aimerait aussi savoir dans quels cas il peut utiliser cette plante.
Si l’on avance dans le temps, l’index de Carmelia Opsomer de mentionne pas le phytonyme Bellis. Serait-ce que les pâquerettes et les marguerites n’apparaissent pas dans les textes antiques et médiévaux ? ou bien : doit-on imaginer que ces deux plantes étaient si fréquentes qu’on ne les voyait presque plus, au nom d’un trop-plein d’évidence, en quelque sorte ?
Il n’en est rien, évidemment. Comme souvent dans la botanique ancienne, si l’on ne trouve pas mention d’un phytonyme, c’est vraisemblablement parce que la plante ainsi désignée est connue sous un autre nom ou parce que le dépouillement des sources est incomplet. C’est exactement ce qui se produit ici.
Gaspard Bauhin, auteur en 1623 d’un index synonymique très important donne quelques indications complémentaires qui vont permettre de reconstruire l’histoire des marguerites, des pâquerettes.
[1] Pline l’Ancien, Histoire naturelle, éd. et trad. Par Alfred Ernout et R. Pépin, Paris, Belles Lettres, 1957, §XXVI, 26, p. 26.